Terroir grand large
En descendant des massifs schisteux et des collines entaillées en ravins des Aspres, le Réart et le Tech ont arraché aux versants les matériaux qui constituent aujourd’hui une terrasse alluviale sur laquelle est implanté le domaine. Elle lui confère son unité, son originalité aussi. C’était au quaternaire… Le fleuve charriait alors de gros galets à peine émoussés par leur court voyage depuis les cimes du Canigou, fragments de quartz et de schistes surtout, entremêlés de quelques éclats de marbre rose et blanc. Abandonnés là en une vaste plaine presque horizontale, cette pellicule alluviale d’à peine plus de deux mètres d’épaisseur s’est transformée au fil du temps sous l’action de l’eau, des plantes ou du vent. Les zones les plus résistantes à l’érosion, constituées des plus gros galets, ont à peine été retouchées et constituent aujourd’hui de belles croupes de graves au sud-est du domaine. Elle portent des sols rouges méditerranéens typiques, acides et pauvres, que la vigne affectionne. Ses racines y poussent dans les interstices pour puiser fraîcheur et minéraux. Si l’eau vient à manquer, c’est vers les profondeurs du sous-sol, dans des formations plus anciennes encore, que la plante va se ressourcer. C’est là le signe d’un grand terroir. On pense à Chateauneuf-du-Pape…
A quelques pas, vers le nord-est, tout change. La terrasse s’appauvrit en graves, galets de schistes et quartz perlent à peine dans une mer de sables et de limons gris. Bien que le sol reste pauvre, la vigne y vient mieux, elle souffre peut-être moins. La nuance est subtile, mais n’a pas échappé à Étienne, ni avant lui à son père. La vigne, ici, donnera des vins plus immédiats.